Panerai SIHH2013: Partie 2, dans les décombres.
Comme écrit plus haut, la version 47mm acier, de la Radiomir 1940, la PAM514, n’est pas très réussit… Par contre la version Or, la PAM515, fonctionne beaucoup mieux!
Pourquoi?
Là où la PAM514, pèche par une sinistrose un peu déprimante, comblant mal le vide de son cadran; la PAM515, elle s’en sort beaucoup mieux grâce à ses couleurs différentes s’en sort beaucoup mieux…
Alors, le boitier en or rose, on aime, ou l’on n’aime pas, c’est une question de culture, de goût… Personnellement j’adore, le côté «Funky Collector», tranche à merveille, avec la brutalité raffiné des montres de l’OP. Néanmoins je sais que l’or rose ou jaune rebute nombre d’entre vous.
Mais là ou l’esthétique de la 515 se révèle plus efficace que la 514, c’est au niveau du cadran. Le contraste entre le cadran marron, et le boitier en or rose, est beaucoup moins agressif que le contraste entre le noir et l’acier polis de la PAM514, donc l’ouverture de la 515 semble plus réduite. D’autre part, les aiguilles dorées, très vivantes, occupent bien mieux le cadran de cette montre que des aiguilles acier. Enfin, la date, avec un contraste plus faible entre la police crème et le marron du disque d’heure, fait que l’on oublie un peu le quantième, même si ce dernier reste un peu incongru dans ce contexte…
Le mouvement, de cette PAM515 (à l’instar de la 514), c’est un P.3000, cadencé à 21600 a/h pour 72h de RdM; un grand mouvement de 16 lignes 1/2, très réussit, et parfaitement légitime dans une Panerai (au moins autant qu’un Unitas !).
Sans prétendre que c’est l’ultime version du boitier Radiomir 1940, qui est en est à ses balbutiements dans la gamme Panerai, c’est aujourd’hui, la version qui offre le meilleur rapport Paneriphilie/prix.
Pour rester dans les métaux jaunes, parlons du douloureux cas de la nouvelle Bronzo, la PAM507, aka « la montre de la honte » réplique à 99% de l’ancienne Bronzo (pour une description plus complète de la PAM507, je vous invite à relire mon article sur la PAM382).
Qu’est ce qui change par rapport à l’ancienne ? La réserve de marche affichée, par le calibre P.9002, très légère évolution du P.9000. Et au dos sur la bague en titane, attention c’est subtil, les écritures sont épargnés en doré, façon horlogerie raffiné.
Disons, que c’est un clone, avec une coupe de cheveux différente, de la PAM382 «Gonzo».
Et tout le problème est là.
Il convient de vous rappeler, une interview, de M. Angelo Bonati, CEO de Panerai. Ce document fut publié sur le site internet du New-York Times, le 23 septembre 2011.
Morceaux choisis:
« The boat has now inspired Panerai’s new Luminor Submersible 1950 3-Days Automatic Bronzo PAM382, the first Panerai watch with a bronze case… The use of bronze gave the watch, “a special look that makes it very unique and exclusive,” he added... Mr. Bonati said that reactions to the new bronze watch had been “enthusiastic,”… “It’s all sold,” he said, referring to preorders by retailers. Mr. Bonati said the company had no plans to do more bronze watches.
Mais produire exactement la même montre, c’est manquer du respect élémentaire, aux collectionneurs, qui se sont payés une PAM382, au prix fort, à plus de 20k€ (soit quasiment le triple du prix initial), quelques semaines avant ce SIHH2013!
Où est l’exclusivité?
L’Officine était coutumière des SL qui n’engage que ceux qui y croient. Mais, tout de même, jusqu’à présent, la direction de l’OP (qui a validé ce projet au détriment d’autres plus intéressants), gardait une certaine mesure dans l’outrecuidance. Le mouvement, les finitions, ou le nombre d’exemplaire variaient fortement entre deux California Dial par exemple…
Avec cette Bronzo PAM507, tout est identique, métal, mouvement, finitions et même et surtout, nombre d’exemplaires.
Seul la RdM sur le cadran vient servir de cache-sexe, mais c’est en fait un cache-misère créatif.
Néanmoins, un point change de manière significative, le prix, la montre prend environ 2000€… Les collectionneurs apprécieront.
Dialogue amusant et véridique au moment de ranger les pièces après les photos, le monsieur apercevant une Bronzo sur la table:
-Monsieur, vous oubliez une montre!
-Ah, non, c’est la mienne. C’est vrai qu’elles se ressemblent un peu. :)
Ah, oui, l’honnêteté intellectuelle, m’oblige à avouer que j’en ai commandé une. Gonzo forever! :)
La PAM508 «ceramica» va néanmoins nous réconcilier avec les Submersibles (et l’Officine).
Cette plongeuse (CF Iso 6425), reprend le boitier de 47mm de la PAM382, et également son calibre, mais utilise, de la céramique en lieu et place du bronze.
Alors, on pourrait être dubitatif au premier abord. Les modèles céramiques chez l’OP, Radiomir PAM292 et surtout la récente Submersible amagnétique PAM389, ne sont pas des parangons d’équilibre visuel. Jusqu’à présent, le look ultra-moderne de la céramique, se fondait mal, dans le charme néo-vintage des Panerais.
L’une des clefs du succès de Panerai, c’est que c’est des montres qui concilient la brutalité d’une montre militaire, avec la classe Transalpine. Vous n’avez qu’à voir un militaire ou un carabinieri Italien, en général, leur uniforme est mieux taillé qu’un costume de bureaucrate Anglo-Saxon… L’Italie, c’est la classe.
Or, cette PAM508 céramique, concilie la brutalité d’une Submersible de 47mm, avec la furtivité d’une montre de commando, le tout avec cette classe, si Italienne.
J’ai beaucoup lu de critiques aux sujets des index coquille d’œuf (voire jaune d’œuf), même si je serais curieux de voir une version avec des index vert luminova, ceux-ci ne dénote pas dans le paysage. Ces index crème fluo (nouvelle couleur déposé par PIfpaf), donne même beaucoup de vie au cadran, et sont raccord avec l’esprit vintage que l’on espère d’une Panerai.
On ne va pas s’étendre sur l’aspect de la céramique, qui gagnerait peut-être à être un poil plus mat, ou plus anthracite ou verte (pensez aux anciennes IWC en céramique). On va également glisser rapidement sur le calibre, que l’on connait déjà, le P.9000.
Mais on va s’attarder sur le portée de cette Submersible Ceramica. La PAM382, la «veille Bronzo», que je porte quotidiennement, est parfois pesante, limite inconfortable, et une montre plus légère est nécessaire au quotidien.
A l’inverse, cette PAM508 est ultralégère, c’est déconcertant, avec l’habitude de porter des montres aussi grosse, on met une certaine force dans son geste pour la soulever, or, ici, la montre à tendance à s’envoler…
Elle pèse sans doute dans les 60 grammes. Ultraconfortable donc au poignet, malgré son volume.
A défaut de peser un âne mort, elle coute par contre le prix d’un pur-sang Arabe bien vivant. Annoncé à plus de 13000€, elle dépassera allégrement les 14000€ lors de la livraison, avec les augmentations de prix régulières…
Une montre très très aboutie, quasiment parfaite. Mais réservé aux Paneristi les plus fortunés.
Pour conclure ce sujet sur ce SIHH2013, je dois vous parler de mes vacances de Noel. Car j’étais à Florence, la ville qui a vu naitre la marque.
Une ville magique. Un arrière-pays de toute beauté, une nature sublime, qui vous étreint, je cite la fille qui m’accompagnait : «Du syndrome de Stendhal». Le pauvre Stendhal, fut pris de spammes cardiaques, en observant la beauté, et les chefs d’œuvre d’architecture Florentins. A pleurer, dépression assuré en quittant la Toscane.
En Italie, en entrant dans n’importe quel boui-boui, vous mangez les meilleures charcuteries, fromages, viandes, buvez les meilleurs expressos, à l’exception des desserts, on mange mieux qu’en France! Et c’est un Français, qui vous l’affirme, à regret.
Le soir de Noel, nous étions dans un restaurant. L’ambiance était animé sans être bruyante, le service était empressé, sans être oppressant, les plats étaient parfait. Et au moment de régler, patatra, en plus de l’addition (une centaine d’€uros), les restaurateurs Florentins, avaient rajouté plusieurs taxes, notamment une taxe de couvert, et une taxe de service, pour une dizaine d’€uros supplémentaires... Ces suppléments auraient gagnés à être intégrés dans le prix des plats et des boissons. Dans l’absolue, rien de grave, mais une mesquinerie de cet acabit, gâche une soirée magique comme celle-là.
Et finalement, cette soirée de réveillon, me fait penser à ce SIHH2013. Dans l’absolu, c’est un salon réussit. Peu de nouveautés (et tant mieux !), mais des montres efficaces. La PAM512 Radiomir 512 révolutionne la « petite » Panerai, la PAM508 Ceramica me parait indispensable, et la PAM526 Regatta est une montre charnière dans l’évolution de la marque. Mais ces belles réussites, sont un peu éclaboussés par la mesquinerie de la PAM507 « néo-bronzo », l’Officine gagnerait à mieux respecter la politique proclamé des séries limités, autant pour le respect des clients, que pour préserver son image…
Watchonista recommande:
- Première partie de cette revue.
- Le SIHH2012 de l’Officine.
- Le SIHH2011 de Panerai.
- La PAM382 « Gonzo », la revue la plus dantesque de l’histoire du web horloger.
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