Calibre de Cartier Diver: plongée en horlogerie

Plébiscitée par les professionnels lors de sa présentation en avant-première, cette pièce osant user de codes inattendus pour une maison qui nous avait habitués à défricher du côté des thèmes urbains et de ceux de la haute horlogerie, a fait la démonstration que son expertise était sans faille dans des univers couramment définis comme sportifs.

Horlogerie dans le sang

Mais Cartier n’est pas une marque au caractère joaillier comme les autres. Cette entreprise intégrée au groupe Richemont par l’absorption du Groupe Vendôme dans le courant des années 1990, fait partie de celles qui ont l’horlogerie dans le sang. C’est, pour remettre les choses en perspective, cette maison qui a proposé la première montre-bracelet moderne.

En effet, avec la Santos réalisée en 1904 par Louis Cartier pour son ami, l’aviateur et dandy Alberto Santos-Dumont, la marque parisienne donnait un tour nouveau au métier car elle ne se contentait pas de poser des anses à une montre de poche, mais dessinait ce qui allait devenir un symbole et une référence en matière de porter. 

Plus tard, elle a su répondre aux vœux parfois un peu fous de puissants et satisfaire leurs désirs à travers des créations parfois déconcertantes. C’est ainsi qu’est née la Pasha, une référence inspirée d’un modèle de 1943, dont on rapporte qu’elle aurait été commandée par le Pacha de Marrakech pour lui permettre de se baigner avec. En ces temps-là, l’idée était un peu incongrue même si certaines maisons (Omega, Rolex et Panerai) mettaient tout en œuvre pour réaliser les premiers instruments susceptibles d’accompagner des professionnels sous la mer. Dans le cas qui nous intéresse, la perspective de l’invention n’avait d’autre issue que le ludique. Evidemment, dans toutes légendes, il y a parfois une part de réalité que l’on aurait tendance à dire, augmentée dès l’instant où elle sert une cause.

Les remous de l’histoire

Dans les années 90, la mode était, chez les horlogers -et en particulier chez Cartier- de produire des montres dont les développements étaient étayés par l’existence de modèles historiques. Cela rendait les choses plus compliquées pour les équipes en charge du design.

Mais la Pasha était présentée comme une montre de plongée et en avait les attributs, même si ces derniers nous semblent aujourd’hui loin d’être conformes à ce qu’un amateur attendrait. Mais c’est aussi un problème lié à l’époque, à la mode et aux goûts des clients qui évoluent avec le temps en même temps que leur expertise. Aussi, les produits des marques sont tenus de suivre. Nul n’était certain jusqu’au mois de novembre dernier, date de la présentation à un petit groupe de professionnels, qu’il existerait de nouveau une Calibre de Cartier Diver. Tout de même, tout indiquait que la marque allait sans doute rebondir puisqu’elle avait présenté l’année d’avant le chronographe Calibre. Un rapide calcul, un regard un peu acéré sur les références de cette maison, et il devenait presque évident que le bureau de style allait relancer un instrument sur la base de cette collection.

Plongée en jungle urbaine

Il faut dire, la montre de plongée a un statut à part dans l’univers horloger au point finalement de former un genre à elle toute seule. Ce garde-temps fait partie des rares à offrir mieux que l’heure. Dans sa dimension d’outil, il garantit par sa bonne marche la survie de son propriétaire lors de la pratique d’un sport à risque. Cela peut sembler stupide, mais confère aux modèles pouvant y prétendre, l’assurance d’une renommée et d’une aura auxquelles aucune autre référence ne peut accéder.

D’accord, pour conquérir ses galons de produit héroïque, il faut avoir été à l’épreuve du feu. Et dans le cas de la Cartier, le modèle n’a pas encore été mis en situation de devoir faire ses preuves. Elle ne peut donc potentiellement pas rivaliser avec une Rolex Submariner et encore moins avec la toute dernière Sea-Dweller 4000, elle n’a pas l’histoire de la Blancpain Fifty Fathoms, elle ne peut espérer avoir les faits d’armes de la Radiomir Panerai… Toutefois, elle a pour elle d’avoir su atteindre un niveau d’exécution qui la place presque au niveau de ces modèles devenus légendaires.

Un design intrusif

En l’observant on retrouve bien tous les codes propres à sa spécialité, distillés avec subtilité. Cartier a ainsi repris le dessin général du boîtier de la référence Calibre lancée en 2010, mais en parvenant encore à l’affiner. Inversement, le cadran, véritable visage de la montre, a réinterprété avec virilité les principes horlogers chers à la maison. Ainsi, les chiffres romains si typiques de la ligne sont repris, mais avec une dynamique apte à souligner le caractère sportif de l’instrument. Cela fait dire que cette pièce masculine puissante, quotidienne et extrême tout à la fois, relève le défi de catalyser les exigences stylistiques de Cartier tout en assimilant avec finesse celles nécessaires à pouvoir répondre à la norme ISO 6425 régissant les garde-temps prétendant au titre de «montre de plongée.»

Seulement, pour cela, il faut  au modèle avoir répondu à huit critères de fiabilité définis et correspondant à un protocole de tests et de contrôles d’une extrême rigueur.

Voir pour être vu

Pour prétendre être une montre de plongée, il faut tout d’abord en avoir fait la démonstration et en posséder les organes. Ainsi, la Calibre Diver présente une lunette tournante unidirectionnelle afin de parer toute action involontaire. En ne la faisant tourner que dans un sens, la seule conséquence de la manipulation erronée serait de réduire le temps de plongée. Sa conception à 120 crans  (40 dents et trois points) permet une grande précision de réglage à la demi-minute et un son net et précis lors de la rotation. Cela peut sembler ridicule, mais en termes de valeur perçue cela a son importance. Comme sur toute lunette dédiée à ce sport, les marques indiquant chaque période de 5 minutes sont clairement signalées, de même que sont lisibles tous les points d’heure, le XII, les aiguilles, y compris la trotteuse et le cerclage de cette dernière grâce à un traitement fluorescent (Superluminova®).

Résister à la pression

Par ailleurs, le boîtier a également été travaillé car les montres de plongées sont soumises à de très fortes contraintes de pression tout en étant mises dans des environnements extérieurs complexes et extrêmes.

Pour garantir de voir la montre Calibre de Cartier Diver passer les épreuves correctement, les ingénieurs ont généreusement dimensionné les différents composants formant l’habillage, afin qu’une fois assemblés, ils soient capables de résister à la pression et aux agressions diverses face auxquelles la montre pourrait être confrontée. Voilà pourquoi le boîtier de la montre Calibre de Cartier Diver est doté d’une épaisse glace en saphir, flanqué d’un fond vissé doté de joints surdimensionnés, et armé d’une couronne de remontoir vissée garantissant une résistance de l’ensemble jusqu’à une profondeur de 300 mètres.

Valider le fonctionnement par des tests

Seulement, on ne remet pas sa vie entre les mains d’une montre dont les qualités professionnelles n’auraient pas été éprouvées. On s’en doute et il en va de l’image de Cartier, ceux-ci ont été faits avec sérieux. Voilà pourquoi la montre a été testée en immersion dans une solution de chlorure de sodium (30g/l) entre 18 et 25°C pendant 24 heures, puis lors d’une plongée à une profondeur de 30 centimètres pendant 50 heures dans une eau dont la température est comprise également entre 18 et 25°C.

Pour information, c’est à cette profondeur que les montres de plongée ont le plus de chance de révéler leurs défauts d’étanchéité car, alors, la pression n’a pas les moyens de comprimer les joints de glace et de fond qui pourraient se révéler finalement défaillants dans les conditions les moins extrêmes.

Associer technique et esthétique

On notera que la maison Cartier n’a pas été seulement attentive à la fonction de la montre. L’équipe des designers a eu à cœur de faire de cette référence un modèle d’équilibre. Ainsi, ils ont conçu une véritable montre de plongée susceptible d’être portée en ville. Pour y parvenir, ils ont créé un boîtier de 42 mm de diamètre et de 11 millimètres d’épaisseur. Les chiffres ne disent pas grand-chose mais en termes de proportions, on peut les définir comme pratiquement canoniques. Ni trop grosse ni trop épaisse, cette carrure proposée en version tout acier ou or rose 18 carats, incarne l’idée que se fait Cartier de la montre de sport contemporaine pouvant être portée en ville. Concentré de qualités, cette création offre des finitions haut de gamme satinées et polies, et une lunette tournante tout à fait dans l’esprit « rétrofuturiste » comme on aime. C’est sans doute la raison pour laquelle le bureau a choisi de la revêtir d’ADLC (Diamond like Carbon) et d’en ourler la circonférence d’un crénelage fin aidant à la préhension..

Un calibre de référence

 Il y a toujours deux solutions: commencer par le meilleur ou finir par le meilleur. Dans le cas présent, nous clôturerons avec la présentation du mécanisme de la Calibre de Cartier Diver. Il s’agit, comme on s’en doute du calibre 1904MC, né en 2010. Celui-ci est, pour information, le premier mouvement automatique de Manufacture développé et assemblé  par les horlogers de la Maison Cartier. Son nom, à haute charge symbolique, renvoie à l’esprit pionnier de Louis Cartier qui, en 1904, créa pour son ami et aviateur Alberto Santos-Dumont, l’une des premières montres-bracelets. Plus d’un siècle plus tard, le mouvement 1904 MC signe une nouvelle page horlogère de la Maison Cartier.

Ce calibre de 11 lignes ½, a été conçu pour assurer une parfaite stabilité chronométrique grâce à un double barillet qui garantit une excellente constance du couple ressort-moteur sur une longue durée.

Équipé d’un système de réglage fin et d’un mécanisme de stop-seconde, ce mouvement doit garantir une grande précision de marche dans la durée. Le calibre 1904 MC est en outre doté d’un système de roulement à billes en céramique permettant d’assurer à la masse oscillante de tourner aisément sans lubrification et de façon parfaitement plane sur le long terme. A noter également la présence d’un dispositif à cliquet particulièrement innovant pour le remontage automatique agissant dans les deux sens.

Et parce que ce qui est efficace doit également être beau, les artistes de la manufacture de la Chaux-de-Fonds, en Suisse, ont décoré ce calibre de façon qualitative même s’il demeure caché par le fond plein. Mais ce choix a été fait pour des raisons de sécurité et de robustesse dans la durée. Cela prouve que, comme pour chaque chose, Cartier apporte un soin tout particulier à ses produits et jusque dans les moindres détails. Le luxe est à ce prix et ne supporte pas l’approximation… Cette montre en est la démonstration au quotidien!